25 Jan a call and response @carine roth
“Eeeeeeeeee-ho
Hé-O”
Sur les Plats, quelqu’un lance un cri
l’écho lui répond… “Hé-Ooo”.
Cela me rappelle Freddy mercury sur la scène de Wembley….
Lui, sans doute déjà séropositif, un des ces êtres fulgurants, un corps jeté dans l’espace d’une vie
“Eeeeeeeee-ho, Hé-O!” chante-t’il à la foule
“Eeeeeeeeee-ho, Hé-O!” scandent les milliers de voix en une seule réponse.
C’est un acte d’amour, répondre à un appel.
La vie est un “call and response”, une proposition est lancé, la vie la lance, nous y répondons, avec plus ou moins d’harmonie, de poésie ou de succès.
Loin sur les Plats, un chien aboie.
« Baobaobao » lui répond la montagne.
Et le chien qui l’entend aboie de plus belle… Jeux de miroirs, je suis toi, tu es Je, nous sommes eux, un deux trois, 1-2-3, qui dit quoi?
J’observe, j’écoute, je suis là
J’aime cette montagne, on se connait, on se fréquente, on flirte sérieusement.
Les aboiements du chien semble la chatouiller tandis qu’elle joue avec lui comme un enfant qui lancerait un bâton.
Ils sont tous les deux de plus en plus joyeux.
Les Plats résonnent de cette rencontre hallucinante.
Et quand tout se calme et que le chien s’en va sur d’autres traces, je reste comme un peu bouleversée, comme érotiquement émue, de ce à quoi j’ai assisté.
J’approche d’avantage.
Plus près de cette immense paroi, de ce corps imposant.
Quelle beauté là devant moi, mon maître, ma reine, je murmure.
Et si je lançais un appel, répondrais-tu?
“Eeeeeeeeeeee-ho, Hé-O!”
… tu hésites…. et soudain: “eeeee-oooo….” une réponse, douce, lente, me revient.
Je me tiens là
Toi aussi.
Se tenir avec la Montagne.
Tu m’enseignes.
Et j’ose, je lance “Je t’aiiiiiiiime!”
… tu réponds…. “aiiiiime”….
It’s a call and response.
Tout joue, tout s’ouvre, tout répond.
Tout aime.
Je crois qu’un jour, aujourd’hui, une montagne m’a dit “je t’aime”
Je fonds en larmes.
Merci.
Merci … Les deuils, la Grâce.
Il me faut la grandeur de cette Etre Montagne pour prendre la mesure de cette danse, grief and grâce, de cette évidence, de cette nécessité.
Aimer c’est savoir que l’on va perdre ce que l’on aime, ceux que l’on aime.
Et les aimer plus encore de savoir devoir un jour les perdre.
Un coeur brisé grand ouvert, cracked open.
Je suis là.
Je ne sais plus si elle est mon amie ou mon amante, nous dansons, je pleure des larmes de tendresse et de tristesse sans fin, infinies, d’une étoile à une autre.
Mon adorée, mon invincible, mon absence qui dure.
Echo, lancer des cris d’amour pour se localiser, pour se connaître, se trouver, écholocalisation dans le noir, petit à petit se dessine un paysage, un relief, un profil, une intuition de comment tout cela semble fonctionner, dans la trame du monde, dans ce qui semble faire écho à la texture des étoiles.
Osciller avec son étoile.
Comme on se salue, de loin, quand on se rencontre dans le grand sauvage.
Tout est intimité.
Chaque son, chaque forme, chaque être, tous les êtres, tout vibre, tout répond, tout fait signe, tout signifie, tout extasie.
Ceci s’appelle la vie.
“Eeeeeeeeee-ho,
Hé-O”
….
