Forward ©carine roth

Forward ©carine roth

…la femme se met à hurler: “j’en ai marre! c’est toujours comme ça, c’est parce que je suis noire! j’en ai marre! tu me contrôles combien de fois? j’en ai marre!”

elle fait scandale…

Tout le monde est mal à l’aise, nous, les autres corps qui sont là, tous des blancs. Sagement assis dans notre avion.

Elle a raison, bien sur.

 

Regarde, le centre ville de Joburg, les tours, gratte-ciels, la skyline de cette ville incroyable, bâtie sur la fièvre des chercheurs d’or, de l’extraction du charbon et de l’apartheid.

Une somme folle de violence, de racisme et d’avidité pour fondations.

Et pourtant la ville pulse, vibre, son coeur bat en ses rues, en sa véracité, rien ne somnole, elle est un corps en alerte.

On dit d’ailleurs d’elle qu’elle est comme le grand requin blanc, qu’elle a son assurance et sa force dangereuse mais aussi qu’elle meurt si elle s’arrête, et tout semble bouger, tout le temps.

Les quartiers changent, les strates d’histoire se superposent.

Le centre ville désormais déserté par les commerces et les entreprises fait la place aux défavorisés.

Les tours des gratte-ciels aux fenêtres explosées abritent des vies précaires, les gangs, les sans-abris, la misère mais surtout la vie.

Une anarchie qui réclame les ruines de la modernité pour en faire des lieux du vivant, envers et contre tout.

Ces tours immenses, Babels plurielles, grouillent d’existence en lieu de l’aseptisé capital.

La vie toujours invente. La vie sera toujours la vie. Elle ne peut être qu’elle même, et c’est elle qui va vers le de-venir.

Forward. Venir de..

Mémoires du futur, je me rappelle.

On ne doit pas oublier l’impardonnable, responsabilité de l’instant.

Le temps n’existe pas, l’Histoire pourtant…

« call your mother »